Mesure de la qualité, un outil de compétitivité
Mesure de la Qualité : Magasine « La Tribune » (27 octobre 1999)

Pour améliorer la qualité de leur production et se démarquer de leurs concurrentes, les entreprises misent fortement sur l’instrumentation et la mesure de la qualité.

 

En janvier 1993, seulement 27.800 labels qualité avaient été accordés au plan international. Aujourd’hui, ce sont plus de 270.000 entreprises, organisations et administrations qui affichent fièrement le label de certification Iso 9000, dont 14.194 pour la France. Une belle réussite pour cette norme, qui a su s’imposer dans tous les secteurs d’activité : électricité, mécanique, services mais aussi, et c’est plus inattendu, agriculture, pêche, restauration, éducation et santé.

“Il y a un phénomène de mode incontestable pour les entreprises d’un même secteur, décuplé par une pression industrielle et commerciale très forte,” assure un ingénieur de l’industrie plastique. Si un donneur d’ordres décide de passer Iso 9000, c’est un jeu de dominos « qualité » qui se répercute en cascades sur toute la sous-traitance. Or, faire de la qualité n’est pas forcément une sinécure. L’opération a déjà un coût : des audits à 10.000 francs (1.524,49 euros) la journée, des logiciels à plusieurs centaines de milliers de francs, des coûts de restructuration qui s’étalent sur plusieurs années. Le jeu en vaut-il la chandelle ?
La qualité représente un concept central, celui de la reproductibilité. Une entreprise doit être capable de produire la même chose de façon constante, que ce soit un produit ou un service, explique un conseiller technique du secrétariat à l’Industrie. Cet objectif est capital, car il met à mal certaines idées préconçues. Par exemple, on croyait que les produits allemands étaient de meilleure qualité que les produits français. Or, aujourd’hui, ils sont sur un pied d’égalité. Tiercé technique. Pour gagner ce « nirvana » de la constance, les entreprises ont fortement misé sur l’instrumentation et la mesure de la qualité.

L’informatique, la robotique et la métrologie (contrôle physique des pièces : taille, point, surface, etc.) sont ainsi devenues les outils modernes de la qualité.

“La métrologie pour la mesure de la qualité est un outil essentiel de compétitivité pour les entreprises, » soulignait Christian Pierret, secrétaire d’Etat à l’Industrie, lors de l’ouverture du Congrès international de métrologie, le 19 octobre dernier. « Elle est un investissement qui permet de maîtriser la qualité de conception et de réalisation des produits. » Ce tiercé technique, informatique, robotique et métrologie, a d’ailleurs de beaux jours devant lui, avec l’arrivée, en l’an 2000, de la nouvelle mouture Iso 9000. Top management, ressources humaines, relation client et process continu se retrouveront au centre de cette prochaine norme. Pour la qualité, pas de bouleversement en vue, mais plutôt une amplification.

 » Nous entrons dans une phase d’ingénierie simultanée, de qualité permanente », explique Sandrine Beaujon, responsable marketing, éditeur de logiciels qualité.

La méthode qualité deviendra coopérative, continue et s’appliquera en temps réel.  » Une réactivité qui peut se révéler stratégique. La Nasa, l’agence spatiale américaine, l’a appris à ses dépens en perdant, le 22 septembre dernier, la sonde Mars Climate Orbiter. Pendant qu’une équipe d’ingénieurs calculait la trajectoire en kilomètres, une autre préférait utiliser les miles. En passant trop près de la planète rouge, 150 millions de dollars (138,463 millions d’euros, 908,26 millions de francs) se sont consumés dans l’atmosphère martienne.

 

Ludovic Desautez.

 

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